Sabir Maré (2024)

Le 4 juin 2024 nous prendrons la mer, pour cinq mois à la voile en Méditerranée. 

Cette grande étendue d’eau nous la regardons pour l’instant depuis Marseille. 

En Sicile, en Albanie, en Grèce ou en Turquie, à Lampedusa, à Tunis, à Alger, sur des bateaux, des ports, des plages ou depuis leur fenêtre, d’autres la regardent aussi. 
À quoi pensent-ils ? À cette mer des vacances et des imaginaires ? À celle qui sépare et qui inquiète ? À la mer qui prend, ou à celle qui nourrit ? À ceux qui sont dessus ou de l’autre côté ? À des routes inconnues, une frontière, ou un moyen de subsistance ? Aux ailleurs et à l’étendue du monde ou aux océans qu’on transporte en soi ?
À quoi pensez-vous, quand vous regardez la mer ? 

Pendant ces cinq mois, nous voulons tenter de saisir le rapport sensible à cette mer Méditerranée de celles et ceux qui habitent ses rives, ou qui y passent. Récolter des habitudes, des superstitions, des histoires, des chants, des contes. Recueillir des portraits, des sons, des textes, des images, des objets. Une collection de fragments. 

Le sabir était l’autre nom de la lingua franca, la langue que parlaient dans les ports jusqu'au début du XXe siècle les marins, marchands, et toutes celles et ceux qui se déplaçaient alors sur la Méditerranée, mélange de français, d’arabe, d’espagnol, d’italien. Dans cette langue, maré voulait dire la mer, et sabir, comprendre. Sabir maré, comprendre la mer donc, à travers sa place dans les imaginaires sensibles, c’est ce qui guidera notre itinéraire.

Cette recherche, nous en garderons trace. Nous serons épaulés dans ce travail de récolte et de création par des artistes marseillais de disciplines diverses (son, photographie, écriture, arts plastique, musique) qui nous rejoindront tout au long de la route, ainsi que par l’accueil à bord d’habitants de nos lieux de passages.

À notre retour à Marseille, nous monterons une exposition, pour partager cette collection de regards depuis différents points sur cette grande et même étendue d'eau.